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Et d’abord une devinette : le Pays Basque, climat océanique ou méditerranéen ?

La ligne de partage des eaux entre les 2 mers n’est pas la chaîne des sommets pyrénéens qui nous voisinent, de Larrun à Auñamendi et Hiru Errege Mahaia, mais elle est située au sud du Gipuzkoa et de Bizkaia et traverse la Navarre. Tout l’espace au nord en est de climat océanique, très humide et tempéré

Mais au sud  le bassin basque de l’Ebre qui se jette en Méditerranée est plus vaste que tout le reste du Pays Basque. Son climat en est continental et sa végétation méditerranéenne. L’Ebre dont la source est à quelques kilomètres de l’Océan, vers Bilbo, et qui va se jeter dans la Mer à 500 km de là. L’Ebre qui était navigable (avant les barrages) depuis son embouchure jusqu’à la riche plaine de Navarre, ce qui explique la pénétration et la forte implantation des Maures, aussi loin du Califat de Cordoue.

Les points géographiques cités tout au long des textes ci-dessus sont, pour ceux qui nous intéressent : Lekete, Sara, Lete, Peralta, Uxue, Cophin, Iruñea, Artassona. Sare est en secteur océanique tandis que tout les autres points sont sous climat continental méditerranéen.

- Lekete dont on a vu que l’on dit aussi Lehete ( ou le contraire ) est donc un despoblado d’Arava qui avait fait l’objet d’une donation au monastère San Martin de Albelda. Je n’ai réussi à situer ni l’un, ni l’autre.

- Sara que nous ne connaissons peut être pas tous.
Le sommet mythique de Larrun ( la Rhune ), le Fuji-Yama des Basques d’Iparralde, le premier massif des Pyrénées, qui domine le golfe de Biscaye de ses 900 mètres, est en grande partie sur Sare qui comporte aussi des grottes, Lezeak, très intéressantes.
Village extrèmement typé et attachant, tant par les paysages que par les habitants, (ne dis-t-on pas: "Saran, astia!" qui peut se traduire par "à Sare, le loisir, la paix, la détente" ou aussi "à Sare, la sagesse, la reflexion"). Située en limite du Labourd et de la Navarre et donc sur la frontière, à une dizaine de km de l’océan, Sare est peuplé par 2.000 saratar et couvre 50 km2.
La maison Lehetia est située à droite, vite après le départ de la route qui monte au col de St Ignace, vers Ascain et St Jean de Luz.

- Lete : hameau de la commune d’Ariz, à l’ouest du village, au pied du mont Zabalgaina, flanc gauche du ravin du Soto, affluent de l’Arakil. 20 km ONO de Pampelune, par 1° 53’ 29’’ [ pour moi plutôt moins de 1° 50’( Michelin n° 85) ] et 42° 51’ 52’’ nord. En 1960 : 29 h ;en 1970 : 15 h ; en 1981 : 15h. Il est dit qu’au début du XIXème siécle les prédications s’y faisaient en euskara et l’atlas linguistique du Pays Basque réalisé par le prince L.L. Bonaparte place le village en zone euskaldun. L’euskara semble s’y être maintenant perdu. Fêtes le 15 mai (San Isidro), le 12 novembre. Le « diccionario » montre 3 photos :
- un ermitage, Santa Maria de Yarte (Iharte);
- ce qui semble être une maison forte carrée, ancienne, en appareil de grosses pierres, avec une porte romane qui ne semble pas ornementée, surmontée d’une fenêtre, elle-même d’un blason, le tout dans l’axe, dans un appareil de pierre comme habituellement pour les façades navarraises. Le tout paraissant solide, simple et sans prétention
- une vue d’ensemble prise d’avion : une dizaine de maisons anciennes, de fortes proportions, implantées au sommet ou à mi-pente d’un sommet de roches arides assez plat.

Visité le 12 novembre 2005. Une forte grue surplombe le hameau et empêche toute photo épurée de l’ensemble.
Je n’ai pas pu prendre de vue du blason gravé sur une maison, peut être sans rapport avec celui des Lete, en tout cas complexe et pompeux « à l’espagnole » croissant musulman y compris.

La maison du curé, accolée à l’église, a été achetée par un type (tipo bat comme on dit à Ascain) extrêmement sympathique qui, travaillant à Iruña, vient l’habiter le week end, comme nombreux autres habitants puisque habituellement seules 15 personnes logent en permanence dans les 13 maisons dont une datée de 1567.
Il, le « tipo », nous a fait visiter l’église : appareillage de grosses pierres, toiture recouverte de lauzes moussues, porte romane, l’ensemble d’apparence médiéval. Statues de bois polychromes, dont une de St Blaise, offerte par Pedro de Lete au XVIIIème siècle, dans 2 rétables en bois peint, un grand dans l’axe et un tout petit sur le côté gauche, 2 cloches carillonantes. Le tout de petite taille mais de belle allure… sauf l’abri-porche pierre neuve taillée « au cordeau », béton et gouttières de plastique blanc !.

A quelques centaines de mètres dans la plaine le monastère d’Iharte / Yarte est en cours de restauration par tranches successives, l’église romane (XIIème) apparemment remise en état telle que vue de l’extérieur, mais les humbles dépendances alentour encore ruinées.
Nous sommes le 12 novembre (San Millan) mais personne ne semble le savoir ni se souvenir de fêtes,ni en mai ni en novembre, ni pour Blas ni Isidro, ni Millan dont on nous a dit pourtant dit que c’était le saint patron.
Sinon une fête en août !
Messe le samedi soir, 4 ou 5 participants,… ainsi va la vie !.

 

- Lete : hameaux de Oiarzun et de Motriko.
- Lete : nom basque à Iza, Branches à Oiarzun, Azpeitia, Zumaia, Beizama, Zumarraga, Eskoriaza, Okendo, Tierra de Bascos (B.N.). L’étymologie du nom est celle de Le(h)ete.

- Letea : hameau de Régil, à Azpeitia, au pied du mont Hernio,sur la rive gauche de l’Aslazulo. En 1960 : 273 h ; en 1970 : 237 h ; en 1982 : 127 h.

- Peralta ( Azkoien): 55 km plein sud de Iruñea, sur le rio Arga, 4.500 h.

- Uxue : avec Leyre, haut-lieu depuis plus d’un millénaire de la dévotion de tout le peuple de Navarre, églises gothiques qui ont gardé en leur intérieur les chevets romans antérieurs.

- Cophin : terra incognita, on a vu qu’elle est au bord de l’Ebre; mais rive ou vallée ? Le palais ou l’église de Andrea Maria de Lahet existent-ils toujours ?

- Pampelune/Iruñea : cité complexe.
D’abord Iruñea, réduit vascon, que Pompée vient renforcer ou peut être plutôt doubler avec une civitas romaine.
Beaucoup plus tard, en 1200 il existera en fait 3 cités mitoyennes, chacune fortifiée avec murailles, fossés, administration, impôts, marchés,… :
*la ciudad de la Navarreria, la plus ancienne, seule pendant des siècles, regroupant la population basque indigène, le Roi et sa cour, les Barons, l’évêque… ;
*le burgo de San Cernin auquel Alphonse le Batailleur octroie le privilège de ville en 1129, peuplé exclusivement de francs-bourgeois ;
*la poblacion de San Nicolas où s’installent les autres nouveaux venus.
A l’intérieur de la Navarreria il y aura aussi la Yuderia des Juifs et le bourg de San Miguel où on trouvera l’hospice recevant les pèlerins de St Jacques.
Une guerre civile va embraser ces cités/quartiers en 1276 car bloquées dans leurs murs, chacune ne peut s’étendre qu’au dépens des autres.
Mais aussi parce que se manifestent sur les 3 bourgs les 3 influences, castillane, aragonaise et française qui fomentent les troubles.
La Navarreria sera rasée par les troupes françaises du comte d’Artois et la somptueuse cathédrale romane sera saccagée. Elle sera reconstruite en un magnifique gothique, d’autant que ce qui restait de l’église romane, le chœur et les nefs se sera effondré entre temps.
Les murailles séparatives ont maintenant disparu depuis longtemps; Iruñea, qui est aujourd’hui une métropole industrielle et moderne de 200.000 habitants, était il y a cinquante ans, lorsque j’y suis allé pour la 1ère fois, une grosse ville de quelques dizaines de milliers d’habitants, peuplée de soldats, de religieux, de commerçants et dont les animations principales étaient les fêtes religieuses, les défilés militaires et les foires et grands marchés agricoles qui s’y tenaient.
Et les Sanfermines bien sûr qui n’avaient déjà plus de secret depuis longtemps pour Hemingway.

- Artaxona : superbes murailles entre Puente la Reina et Tafalla en Navarre